Le compteur LINKY se déploie à Bonchamp

Depuis le début de l’année, des sous-traitants d’ENEDIS (ex-ERDF) changent les compteurs d’électricité à Bonchamp. Ils posent le fameux « Linky ». Quelques problèmes locaux nous ont été signalés  (absence de prise de rendez-vous, ce qui n’est pas admissible), mais nous souhaitons  ici donner des éléments d’information et faciliter la compréhension de chaque usager.

Petit rappel : qui sont les acteurs du réseau de distribution de l’électricité ?

  1. Les producteurs : propriétaires des barrages, éoliennes, centrales nucléaires…
  2. Le transporteur en haute tension : RTE (Réseau de Transport d’Électricité)
  3. Le gestionnaire des réseaux de distribution : ENEDIS (qui a le monopole)
  4. Les fournisseurs : EDF, ENERCOOP, ENGIE, DIRECT ÉNERGIE…etc. Ils la produisent ou l’achètent pour la vendre.

LINKY en quelques mots et un schéma

Linky est un compteur  dit « communicant » : il transmet les informations de consommation au gestionnaire de réseau (ENEDIS). Les données transitent par courant porteur en ligne (CPL) vers un concentrateur installé dans le poste de distribution. Celui-ci communique ensuite ces  informations au distributeur, via les réseaux de téléphonie mobile.
Les données transmises quotidiennement sont :

  • les index,
  • la puissance maximale soutirée,
  • les données de qualimétrie et de dysfonctionnements.

Le principe du CPL consiste à envoyer une information sous forme de signal électrique via les câbles d’alimentation électrique. Cette technologie est déjà utilisée en domotique ou pour partager un accès à internet sans utiliser le Wifi.

CPL : Courant Porteur en ligne
GPRS : General Packet Radio Service (norme pour la téléphonie mobile)

 

Combien va coûter Linky ?

Le coût du déploiement est financé par ENEDIS au titre des investissements de modernisation.
Chiffres avancés : 5 à 7 milliards d’euros englobant l’achat du matériel, la pose, le développement du système d’information et le pilotage du programme.
La pose du compteur est gratuite pour les clients et les communes.
L’opération se finance en s’appuyant sur les économies réalisées à terme grâce à un meilleur pilotage du réseau, la baisse du nombre d’interventions techniques et la fin des relevés de compteurs. D’après ENEDIS, les salariés affectés à la relève seront reconvertis et les départs à la retraite ne seront pas remplacés mais le devenir des salariés des sous-traitants n’est pas abordé.

Quel intérêt pour les usagers ?

Linky est téléopérable : il permettra de mettre en service, couper et modifier
la puissance à distance. Les données de qualimétrie (surtensions, baisses de tension…) et de dysfonctionnements faciliteront le diagnostic en cas de panne. En plus d’une facturation basée sur la consommation réelle (les données seront consultables sur le site d’ENEDIS), ENEDIS promet une « maîtrise des dépenses ».

Mais…

  • Dans la pratique, les premiers constats effectués avec Linky sur une population test de 1 500 ménages démontrent que 90% des usagers ne changent pas leurs pratiques.
  • Linky mesure la consommation globale et pas le détail par appareil.

A noter : Linky permettra théoriquement de piloter les appareils électriques d’un foyer en fonction de signaux tarifaires envoyés par le fournisseur ce qui permettra aux consommateurs qui le souhaitent de les utiliser sur des plages horaires ayant un tarif plus attractif et donc de faire baisser leur facture.

Quel intérêt pour les fournisseurs ?

Le système permettra que le consommateur puisse obtenir des informations plus fines sur la  puissance dont il a besoin et donc souscrire un contrat plus adapté à ses besoins. Mais….

  • Les fournisseurs d’électricité pourront proposer des contrats ayant jusqu’à 10 tarifs différenciés (contre 3 aujourd’hui). Cela inquiète les associations de consommateurs qui craignent que la tarification ne se transforme en « usine à gaz » pour les usagers.
  • Avec Linky, EDF (ou un autre fournisseur) pourra couper l’électricité sans avoir à se déplacer, ce qui n’est pas sans causer des inquiétudes.

Que deviennent les anciens compteurs ?

Les anciens compteurs récupérés seront recyclés par des entreprises locales (TRIAD pour la région Pays de la Loire).

La problématique des ondes émises

Les émissions mesurées sur les Linky par ENEDIS ne dépasseraient pas les seuils fixés par les législations européenne et française ou par l’Organisation mondiale de la santé. Le niveau moyen de champ électrique mesuré à 20cm des Linky par l’ANFR (Agence Nationale des Fréquences) est inférieur à 0,1V/m, ce qui est équivalent à la valeur ambiante présente un peu partout. L’émission en CPL du Linky ne dure que quelques secondes par jour pour 800 octets de données, soit l’équivalent d’un SMS.
Les concentrateurs émettent des ondes GPRS (téléphonie mobile). Lors de la transmission des données (quelques minutes par jour), ils émettent autant qu’un téléphone portable en communication.
A terme, il y aura environ 420 000 concentrateurs dans toute la France, contre 70,5 millions de téléphones portables recensés. Mais ce sont encore des émissions d’ondes supplémentaires.

Si les risques constitués par les émissions d’ondes du Linky semblent faibles, il pourrait être demandé à ENEDIS de s’engager à remettre gratuitement un ancien compteur à toute personne en faisant la demande sur la base de symptômes recensés et précisés par un médecin, à titre de précaution. Il serait souhaitable aussi que des études épidémiologiques indépendantes soient conduites.

Risques d’incendie ?

Le déploiement du compteur Linky a été expérimenté par ENEDIS de mars 2009 à mars 2011 dans l’agglomération de Lyon et dans des communes rurales d’Indre‐et‐Loire. Sur 300 000 compteurs installés, 8 ont fondu (entièrement ou partiellement) à cause d’un mauvais serrage des câbles. Le risque est donc comparable aux installations réalisées par le passé avec les anciens compteurs. Par ailleurs et heureusement, le processus d’installation a depuis été amélioré.

La protection des données personnelles

Linky communique au moins une fois par jour un relevé régulier et automatique de la consommation d’électricité du foyer : la « courbe de charge ». Ces données peuvent permettre de déduire les habitudes du foyer et donc intéresser les sociétés commerciales.
Pour autant, si on peut connaître les pics de consommation par heure, on ne sait rien des appareils connectés. Et si les données venaient à être agrégées (pour analyser la consommation d’une ville par exemple), elles seront rendues anonymes.
La CNIL s’est prononcée sur les modalités d’enregistrement, de conservation et de transmission de la courbe de charge. Elle autorise son enregistrement et sa conservation, sous plusieurs conditions :

  • Les données ne pourront pas être ni transmises à ERDF ni vendues à des tiers sans l’autorisation de l’utilisateur.
  • Les données ne pourront pas être transférées plus d’une fois par heure et ne pourront pas être stockées plus d’un an.

Garanties abonné :

  • Il pourra s’opposer au stockage local de la courbe de charge en cochant une case spécifique sur son contrat.
  • Il pourra changer d’avis, même après signature du contrat (désactivation du stockage local, suppression des données précédemment enregistrées).

En résumé, il semble que le compteur électrique soit un objet connecté « comme les autres », avec ses avantages et ses contraintes, ses risques et ses systèmes de sécurité.

Et le choix des usagers ?

Linky n’appartenant pas à l’usager, ENEDIS laisse entendre qu’on ne peut pas s’opposer à son installation, ce qui n’est pas sans poser un problème démocratique. Cependant, en cas de refus, ENEDIS dit ne pas installer pas le compteur de force, mais attendre que l’usager déménage ou que son ancien compteur tombe en panne pour le remplacer.
Pour refuser l’installation, il suffit de le dire lorsque l’installateur appelle pour prendre rendez-vous. ERDF enverra peut être un médiateur, mais si l’usager persiste, alors ils ne l’installeront pas. En effet, les réfractaires ne les empêcheront pas d’atteindre leur objectif de 90% des points de livraison couverts.

Attention : La Commission de régulation de l’énergie (CRE) considère justifié que les consommateurs refusant la pose de Linky se voient facturer une prestation de relève à pied.

Linky et la transition énergétique

Linky est un maillon d’un projet plus vaste : rendre le réseau de distribution électrique  « intelligent » en passant d’une chaîne qui fonctionne linéairement à un système où l’ensemble des acteurs est en interaction. Ce principe de « smart grid » jouera un rôle important dans la transition énergétique avec une meilleure connaissance et un pilotage actif de la consommation qui permettront une meilleure intégration des énergies renouvelables.
Mais… cela ne sera totalement efficace que si les consommateurs s’en saisissent :

  • En consultant leur consommation ;
  • En souscrivant auprès de leur fournisseur d’énergie un contrat qui permettra « l’effacement », c’est-à-dire la mise en pause pendant quelques minutes ou quelques heures de certains de leurs équipements dont la consommation est flexible (radiateurs, ballons d’eau chaude, climatiseurs…) lors des pics de consommation. Objectif : éviter la mise en route de moyens de production alternatifs – émetteurs pour la plupart de CO2, comme les centrales thermiques.____________________________

    NB : Ce dossier, largement repris d’un travail réalisé par la FEVE (fédération des élus écologistes),  ne prétend évidemment pas répondre à toutes les problématiques liées aux compteurs dits « communicants ». Le débat peut continuer…

    Pour en savoir plus, au-delà des sites partisans, nous vous conseillons ces quelques articles :

Billet écrit par

L'équipe de rédaction de l'association

6 Commentaires

  1. Sylfaen
    Sylfaen at |

    Un autre détail sur le compteur Linky est que celui ci contrairement à ses prédécesseurs contient un interrupteur intégré beaucoup plus précis que le disjoncteur principal de votre logement. Autrement dit, si vous aviez la chance d’être dans la marge d’erreur du disjoncteur vis à vis de votre puissance souscrite, ce ne sera dorénavant plus le cas et les coupures de courant qui en résulteront vous contraindront à augmenter de puissance rapidement.
    Certes, « pour faciliter l’acceptation de ces nouveaux compteurs,
    la CRE préconise que la prestation d’augmentation de puissance soit réalisée gratuitement par ERDF », cependant l’abonnement qui en résultera sera plus élevé.
    Source: http://www.cre.fr/content/download/7555/66856/version/1/file/Dossier_evaluation_Linky.pdf
    Pages 17-18

  2. Chataignère Daniel
    Chataignère Daniel at |

    En réponse à Sylfaen, l’interrupteur intégré est en effet plus précis que le disjoncteur principal, mais le Linky intègre une tolérance plus large que la tolérance normale du disjoncteur. Donc, s’il y a disjonction par dépassement de puissance avec le Linky, cela veut dire que le disjoncteur était défectueux.
    D’ailleurs le problème évoqué dans le document cité n’est pas le même. C’est un écart entre la puissance souscrite et le réglage du disjoncteur. (état de fraude). Pas de pénalité prévue et le client peut demander une puissance correspondant au réglage précédent. Forcément, le tarif est réajusté en fonction.

  3. Sylfaen
    Sylfaen at |

    En réponse à Chataignère Daniel,
    Je ne souhaite pas polémiquer inutilement sur les causes techniques, l’essentiel selon moi tiens plutôt dans la conséquence qui est que plusieurs usagers vont se retrouver à payer un abonnement plus élevé suite à la pose de ce compteur.
    J’ajouterai cependant en tant que travailleur dans un centre d’appel pour un fournisseur d’énergie que le nombre de « fraudes » ou « disjoncteur défectueux » est tout de même fort surprenant dans ce pays. (^û^)
    Cordialement,

  4. Jimmy Rubio
    Jimmy Rubio at |

    Ce scénario de déploiement s’est déjà produit outre atlantique , voir le film documentaire ci-dessous :
    http://videos2.next-up.org/Linky_reprenez_votre_pouvoir.html

    risque d’incendie: https://www.youtube.com/watch?v=7MfiNYzdi24

    Les mêmes constructeurs sont à l’œuvre avec le compteur linky (ITRON etc …) . Pourquoi répéter les mêmes erreurs ?

    Le déploiement de ces compteurs a été décidé dans le cadre de la loi de transition énergétique : combien consomme ces compteurs, les équipements qui vont les gérer (concentrateur, datacenter pour gérer les données), quelle sera la durée de vie de ces compteurs?

    Des mesures des ondes électromagnétiques ont été faite par l’ANFR mais quand on voit l’alerte donnée par la CRIIREM ( https://www.criirem.org/autres-emetteurs/alerte-compteurs-linky-anfr), cela ne met pas en confiance : pourquoi ne pas convier ces scientifiques indépendants de ces intérêts privés en contrepoids d’ENEDIS pour que les gens se forgent un avis non biaisé. Le citoyen lambda ne maîtrise pas ces notions de physique, il est facile de l’embrouiller.
    Cordialement

  5. Jimmy Rubio
    Jimmy Rubio at |

    Selon le témoignage apporté par un membre d’un collectif de Varennes sur Seine lors de la conférence « Faut-il refuser le compteur linky? » disponible à l’adresse suivante https://www.youtube.com/watch?v=tf_XyjCqJDA , à 144ième miniute, même les gens qui ont refusé le compteur seront impacté par les impulsions CPL envoyé par le concentrateur de quartier. Certains d’entre vous ont déjà le compteur chez eux mais ce compteur n’est pas encore en mode communicant, si le concentrateur de quartier n’est pas encore en place. Ces compteurs linky joueront ensuite un rôle de répétiteur du signal CPL, pour reconduire le signal CPL perdu sous forme d’irradiation par une installation électrique inadaptée (non blindée) vers le concentrateur de quartier de compteur en compteur linky. Ce rôle de relais est indiqué dans votre schéma ci-dessus et le 2 mars 2016, William Hosono, président d’ITRON EUROPE, un des constructeur du linky a confirmé que le compteur ne filtre pas le signal CPL du concentrateur (voir conférence en lien ci-dessus). Renseignez-vous auprès des gens où le compteur est déjà installé et en mode communicant. Si autant de collectifs se créent en France, ce n’est pas pour le plaisir, il n’y a pas de fumée sans feu et on sait aujourd’hui de plus en plus que bien des médias et d’agences sanitaires sont peu fiables.

  6. Madeleine
    Madeleine at |

    A lire le reportage d’Ouest France à Bonchamp sur les « habitants majoritairement agacés » :
    http://www.ouest-france.fr/pays-de-la-loire/bonchamp-les-laval-53960/le-compteur-linky-inquiete-la-population-4802290

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