Conférence de Stéphane TISON – 1918-2018 : Pourquoi commémorer la Grande Guerre ?

Le monument aux morts de Bonchamp

Compte rendu de la conférence de Stéphane TISON : 1918-2018 : Pourquoi commémorer la Grande Guerre ?

(Jeudi 25 octobre 2018, aux Angenoises)

Proposée par la ville de Bonchamp et la commission Patrimoine, dans le cadre du 100è anniversaire de la déclaration d’armistice de 1918.

Stéphane Tison, maître de conférences à l’Université du Maine

Le conférencier : Stéphane Tison est maître de conférences à l’Université du Maine, spécialiste des guerres de 1870-1871 et 1914-1918. Son analyse de ces deux conflits s’appuie sur une étude des traumatismes collectifs que continuent à exprimer les commémorations successives des événements.

A ce titre, il co-préside le comité scientifique du projet de classement de sites funéraires de la Grande Guerre au Patrimoine mondial de l’UNESCO.

Le principal mérite de cette conférence suivie par un public attentif  (environ 150 personnes étaient présentes) tient à la manière dont Stéphane Tison a su replacer dans son approche globale la forme concrète que prit la participation des Bonchampois au conflit.

Sur une totalité de 150 hommes mobilisés (pour une population de 900 habitants à l’époque), on dénombra 40 morts tués lors des combats.

Les soldats bonchampois morts pour la France en 1914-1918

Le relevé des catégories socio-professionnelles auxquelles appartenaient les soldats permet de saisir la réalité sociologique d’une commune rurale traditionnelle : 103 cultivateurs, 4 maréchaux-ferrants, un garde-chasse, un garde-champêtre, deux boulangers, un instituteur et le sacristain …

Quelques affirmations essentielles sont à retenir des propos du conférencier :

  • Sur le plan des dates, tout d’abord, la sonnerie des clairons annonçant le 11 novembre à 11h la cessation des combats ne suffira pas à stopper les hostilités, qui ne prendront officiellement fin que le 23 octobre 1919. La démobilisation effective durera plus d’une année.
  • Le fameux cliché des troupes partant « la fleur au fusil » est un mythe, compte tenu du basculement brutal (en 5 jours) du pays dans la guerre la plus sauvage (« comme un orage dans un ciel d’azur »).
  • De la même façon, le sentiment de revanche de l’après-guerre doit être relativisé par le pacifisme dominant des anciens soldats revenus de l’enfer.
  • En réponse à une question, Stéphane Tison est revenu sur le sujet complexe des mutineries, sanctionnées par des exécutions sommaires. Il est en effet toujours difficile de démêler clairement dans les statistiques ce qui relève des actes d’insubordination proprement dite (désobéissance aux ordres, désertion …), qu’il faut distinguer des condamnations pour crimes divers.
Affiche de propagande, 1917

En résumé, un rendez-vous réussi, à renouveler sur d’autres thèmes

Michel FERRON,

Membre de la commission Patrimoine.

Billet écrit par

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